Voilà déjà plus d’un mois que le petit Emile, 2 ans et demi, a disparu au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) et que toute sa famille garde le silence. Malgré l’enquête qui semble dans l’impasse, aucun de ses membres n’est apparu médiatiquement pour prendre la parole. Pourquoi ? Une attitude qui questionne et crée un sentiment de malaise dans le village.
Le silence total dans lequel s’est murée la famille d’Émile, depuis le 8 juillet dernier, jour de sa disparition au Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, interroge. Encore plus à une époque où les parties civiles et les victimes communiquent souvent de manière intense. Pourquoi les parents et les grands-parents du petit garçon de 2 ans et demi n’ont jamais souhaité prendre la parole ? Eux qui sont toujours présents sur place – puisque des riverains ont vu la famille se rendre à la messe, au marché ou à la piscine du village – n’ont en effet jamais souhaité s’exprimer publiquement.
Dans de très nombreuses affaires similaires, quel qu’en soit de dénouement, les proches des disparus et leur avocat communiquent fortement auprès des médias dans l’espoir que quelqu’un ait vu ou entendu un élément qui puisse servir l’enquête. Un détail qui fera basculer une affaire et apparaître la vérité.
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« Ils ne parlent à personne », « On doit les préserver un maximum »
Concernant la famille d’Émile, aucun membre de la famille ne s’est présenté devant la presse depuis le jour où le garçonnet s’est volatilisé au milieu de la rue pentue qui longe la maison familiale dans hameau alpin. Seule une communication publique sur le fait que la famille s’est constituée partie civile a été faite le 7 août dernier. Un choix qui lui permet d’être informée du déroulement de la procédure et d’avoir accès au dossier de la disparition de l’enfant via son avocat, lui aussi muet.
Ce mutisme et la mise en retrait de toute médiatisation questionnent forcément. « Ils ne parlent à personne, sauf au maître-nageur. Ils ont le droit d’aller à la piscine quand même. Ne serait-ce que pour occuper la petite sœur d’Émile », déclare une habitante à BFMTV. « Je les laisse tranquille. On doit les préserver un maximum », affirme une octogénaire, toujours à BFMTV, qui connaît bien les grands-parents d’Émile et qui a vu grandir la mère du petit garçon.
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« J’aurais utilisé les journalistes ! »
Citée par Paris-Match, une autre habitante du Haut-Vernet rapporte cependant que « les gens ne comprennent pas que la grand-mère aille faire son marché et qu’on la voit à la piscine (…) Si moi je perdais mon petit-fils et qu’on interrompait les recherches (comme cela a été décidé du 13 au 25 juillet dernier) j’aurais été dans tous mes états, j’aurais utilisé les journalistes ! »
« On leur reproche de ne pas s’agiter ? Les enquêteurs et le préfet leur ont conseillé de ne pas parler à la presse. Ils ne veulent pas entraver le cours des investigations », avance à nos confrères un Vernetois.
Il est vrai que dans ce genre d’affaire, les gendarmes ou les policiers en charge de l’enquête n’aiment pas du tout que les victimes parlent à tort et à travers. Les propos tenus peuvent en effet être de nature à polluer les investigations. « Si la pression médiatique retombe, l’auteur d’un crime peut se sentir plus en confiance et faire une petite faute qui le trahira, explique un spécialiste de ce type d’enquête, et si les enquêteurs sont sur une piste avec notamment des suspects sur écoute, moins de détails seront divulgués par les proches, plus le meurtrier aura du mal à adapter son comportement », précise cet expert.
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« Ils affrontent cette épreuve en s’accrochant à leur foi »
Mais le profil très atypique de Colomban et Marie S., les parents d’Émile, – catholiques traditionalistes et engagés dans des mouvements d’ultra-droite – peut également expliquer le peu d’envie de parler à la presse ou de s’exposer. Selon Yann Baly, président de Chrétienté Solidarité, une association nationaliste catholique traditionaliste dont la devise est « Dieu, Famille, Patrie » et à laquelle appartiennent le père et le grand-père d’Emile, « les parents du petit garçon ont décidé d’affronter cette épreuve en s’accrochant à leur foi », rapportait BFMTV.
Cette attitude très en retrait a naturellement nourri les rumeurs. Surtout lorsque des personnalités publiques s’en mêlent comme Ségolène Royal sur le réseau social X (ex-Twitter) : « La mère auditionnée seulement mardi ? Et le père, au profil très inquiétant ? On n’a donc pas regardé l’hypothèse d’un problème ou d’une vengeance familiale ? D’un enlèvement ? Pourquoi l’alerte enlèvement n’est toujours pas déclenchée ? » s’interrogeait l’ancienne ministre socialiste peu de temps après la disparition d’Émile, début juillet.
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Un père engagé à l’extrême droite et loin des médias
L’attitude du père, Colomban S. (26 ans), lors des recherches a également étonné beaucoup de monde. « Il était très bien habillé, ce qui nous a un peu surpris. Il portait un col roulé, et pantalon de ville. Il était très autoritaire et haussait le ton rapidement pour réprimander des gens qui n’avaient pas, selon lui, la bonne attitude. Cela a un peu surpris tout le monde », racontait un bénévole à La Dépêche du Midi.
Ancien membre de l’Action française, cet ingénieur à Marseille était également un militant très actif au sein de l’antenne locale du groupuscule Bastion social, association d’extrême droite. Un engagement qui avait valu à Colomban S. de comparaître devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, en 2018, pour une agression présumée sur des personnes d’origine étrangère, comme le rapportait à l’époque La Provence. Il avait aussi été candidat, avec sa femme Marie, sur la liste « Zou la liste qui vous débarrasse du système » – proche d’Eric Zemmour et de la Ligue du Sud –, aux élections régionales de 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils étaient respectivement en 4e et 19e position dans les Bouches-du-Rhône. Autant dire un CV qui n’incite pas forcément à se tourner vers des journalistes.
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Chape de plomb dans le village
Aujourd’hui, ce lourd silence pèse sur la population du Vernet qui tente tant bien que mal de revivre malgré les arrêtés municipaux qui interdisent régulièrement l’accès du hameau à toute personne étrangère, afin d’assurer la « tranquillité de tous les habitants », se justifie le maire du village.
Une chape de plomb dont voudraient bien sortir certains, comme cette Vernetoise rencontrée par Franceinfo durant l’été qui parle d’un climat « oppressant » et d’une « tension » dans le village. « Ce sont les petits secrets qui conduisent aux gros (…) Peut-être qu’il y a des gens qui savent des choses et qui ne disent rien ».
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