Immersion dans les locaux de SOS Amitié : « Le téléphone n’arrête jamais de sonner »

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Aurélie est bénévole à SOS Amitié depuis trois ans.
Aurélie est bénévole à SOS Amitié depuis trois ans. (©Ugo Maillard / actu Grenoble)

Autant désamorcer dès le départ, non, Aurélie et Bernard ne nous ont pas proposé de doubitchous roulés sous les aisselles (référence au film culte Le père Noël est une ordure). Cela fait désormais trois ans que les deux Isérois ont intégré SOS Amitié en tant que bénévoles. 

En plein coeur de Grenoble (Isère), cet appartement d’une soixantaine de m2 a été aménagé pour accueillir les « écoutants ». Des personnes qui donnent de leur temps pour comprendre, aider, accompagner les personnes en détresse. 

Les deux bénévoles nous plongent dans leurs appels avec leur lot d’histoires émouvantes. Témoignages. 

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Un sentiment d’isolement social

Pour les deux bénévoles, l’aventure au sein de SOS Amitié a commencé en 2020. Trois années marquées par des centaines d’appels, tous uniques.

L’anonymat est primordial et fait la force de SOS Amitié. Cela permet aux personnes qui nous appellent de se livrer plus facilement.

Bernard SinsBénévole SOS Amitié en Isère

À la première sonnerie, Aurélie se prépare à découvrir une histoire. « C’était un homme, avec une famille, des amis, un travail, mais il a eu besoin de nous appeler pour un sujet précis dont il ne pouvait parler à personne », explique la bénévole. 

Un sentiment d’isolement social très prégnant chez les appelants. « Une vieille dame n’avait parlé à personne depuis deux jours… elle avait envie d’échanger, de voyager. Je lui ai parlé du magnifique paysage de Grenoble et des montagnes enneigées », sourit la Grenobloise de trente ans.

Les appels sont centralisés et redistribués

Lorsque vous appelez SOS Amitié au 09 72 39 40 50, les appels sont traités par un pôle central qui les renvoie dans les antennes réparties partout en France. L’objectif est d’anonymiser les appels que ce soit pour les appelants ou pour les écoutants.

Un profil type ?

Mais qui sont les personnes qui appellent SOS Amitié ? Aurélie et Bernard se dressent sur leurs chaises lorsqu’il s’agit d’évoquer les appelants.

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« Nos statistiques démontrent qu’il y a autant d’hommes que de femmes, qu’il s’agit principalement de personnes de 45 à 60 ans et que l’objet de l’appel est le sentiment de solitude ou la souffrance psychologique. »

Sans avancer de chiffres précis, Bernard et Aurélie soulignent une recrudescence des appels de jeunes, voire de mineures, ces dernières années.

Les appels concernant la prévention du suicide représentent moins de 10% des cas. C’est le seul scénario où on peut inciter l’appelant à joindre les secours, et seulement inciter. On n’a pas le numéro qui s’affiche donc on ne peut pas appeler les secours directement.

Bernard

« Tout le monde peut appeler parce que c’est gratuit », ajoute Aurélie. Les bénévoles de l’agence de Grenoble ont répondu à 12 500 appels en 2022, soit 34 par jour.

Un chiffre impressionnant d’autant plus que les conversations téléphoniques durent 20 minutes en moyenne. Un service « d’utilité publique » selon Bernard qui souligne le cruel manque de psychologues en France.

« Nous ne sommes pas des soignants »

Dans leurs locaux situés dans le centre Grenoble, l’équipe de SOS Amitié, composée de 42 membres actifs, est dévouée à la tâche. Le casque vissé sur les oreilles, Aurélie enchaîne les appels lors de sessions durant quatre heures environ.

La bénévole évoque les limites de son action : « On n’est pas soignant, on est aidant. On évite de donner des conseils ou de donner des idées pour faire un choix de vie, ce n’est pas notre rôle. »

Les bénévoles prennent du temps pour débriefer les appels, parfois durs à encaisser.
Les bénévoles prennent du temps pour débriefer les appels, parfois durs à encaisser. (©Ugo Maillard)

Concrètement, si l’appelant ne parle pas d’un sujet, le bénévole de SOS Amitié se refuse à l’évoquer. Avec une humilité de rigueur, les deux bénévoles admettent et reconnaissent les limites de leur action

Des limites qui sont scotchées sur tous les murs de l’appartement pour que les bénévoles ne l’oublient jamais.

Comment ne pas craquer ?

C’est après un long silence et un profond échange de regards que la parole se délie. Décidée, Aurélie se livre : « Ce jour-là, une femme est au bout du fil et me parle de sa maladie. Très vite, je comprends qu’elle a le même cancer que ma mère. Dès lors que l’appel fut terminé, j’ai craqué. » 

Volant au secours de sa cadette, Bernard abonde dans ce sens : « On a tous eu des appels qui nous ont fait pleurer, mais on ne peut pas être détruit par toutes les conversations. »

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On raccroche et après ? 

« Si je rappelle la semaine prochaine à la même heure, je tomberais sur vous ? » Une phrase qui s’avère être un parfait exemple de la relation se créant durant un appel téléphonique, aussi éphémère soit-il.

Les bénévoles de SOS Amitié ont pour consigne de ne jamais revoir ou reparler à un appelant. Un véritable crève-coeur, mais absolument nécessaire. 

« Il y a une frustration parfois de devoir raccrocher, mais si les personnes s’ouvrent de cette manière à nous, c’est en grande partie grâce à l’anonymat », souligne Bernard.

SOS Amitié, 63 ans d’existence

Créée en 1960 à Boulogne-Billancourt, l’association SOS Amitié lutte contre l’isolement social. Avec 1800 bénévoles à travers la France, 600 000 personnes ont été prises en charge via un appel.
Un chiffre qui ne reflète pas l’ampleur de la demande puisque le standard a reçu 3 300 000 appels en 2022.

Le jeune retraité de 60 ans évoque l’ange gardien de SOS Amitié. « Il y a 35 ans, une femme a appelé notre numéro pour une urgence psychologique. La personne au bout du fil a su l’aider. Depuis quelques années, elle a rappelé. Non pas pour une urgence, mais pour nous lire des poèmes et pour nous remercier. »

Et comme le dit très naturellement le passionné de moto, « ça fait du bien ». 

Comment devenir bénévole ? 

À l’instar de l’immense majorité des associations, SOS Amitié a besoin de bénévoles. Seul un appel sur quatre peut être traité.

Six jours de formations obligatoires sont dispensés aux futurs écoutants pour apprendre à écouter et ne pas juger. 

« Il ne faut pas avoir trop d’attente sur ce qu’on donne aux personnes parce qu’on ne peut pas les loger, les nourrir. Si vous voulez sauver le monde, vous pouvez être pompier », explique Bernard pour démystifier le rôle des bénévoles. 

Si vous avez besoin de prendre contact avec SOS Amitié, vous pouvez composer le 09 72 39 40 50, envoyez un mail sur la messagerie ou écrire un message sur le chat

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