« La Route d’Occitanie est indispensable » juge le patron du Tour de France

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Christian Prudhomme ne pourra pas se rendre sur la Route d’Occitanie cette année, comme il le fait pourtant d’habitude. Il avait notamment assisté à la victoire d’Arnaud Démare à Auch
, en 2021. Mais le directeur du Tour de France garde un regard attentif sur l’épreuve occitane. Et il a bien conscience qu’elle a ouvert la voie à la Grande Boucle dans certains coins des Pyrénées, avec des cols franchis ou des sites d’arrivées inédits.

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France Bleu Occitanie : A quel point la Route d’Occitanie a influencé le Tour de France ?

Christian Prudhomme : Elle m’a surtout influencé moi, puisque lorsque j’étais journaliste à France Télévisions, avant même de commenter le Tour de France, j’allais régulièrement sur la Route du Sud (devenue Route d’Occitanie) pour aller rencontrer les coureurs. Parce que c’était un moment privilégié de partage.

Voir quelques leaders, mais aussi surtout aller voir les équipiers, c’est-à-dire avoir une masse d’informations absolument nécessaire au journaliste que j’étais pour les commentaires du Tour de France. Donc la Route d’Occitanie, pour moi, c’est la chaleur des Pyrénées, ce sont les pentes raides, ce sont les décors merveilleux, ce sont des champions et une organisation 100% bénévole, mais 100% professionnelle avec des gens qui aiment viscéralement le cyclisme. C’est d’abord ça. Avant même d’être un élément qui a en effet joué dans les parcours du Tour de France.

D’ailleurs, vous, Christian Prudhomme, à quel point aimez-vous les Pyrénées ?

J’adore les Pyrénées, que j’ai pourtant découvertes très tard, grâce au Tour de France. Les Pyrénées, quand j’étais gamin, c’était évidemment la légende du Tour de France. Mon grand âge fait que je me souviens d’avoir vécu l’oreille collée à la radio (au « transistor » comme on disait à l’époque), la chute de Luis Ocaña dans la descente du col de Menté (Haute-Garonne) en 1971.

Je suis Parisien d’origine alsacienne, et depuis Paris nous allions faire du ski dans les Alpes. J’ai découvert vraiment les Pyrénées en étant journaliste à la radio et en couvrant le Tour de France en 1995 et 1996. Là, j’ai découvert des montagnes absolument merveilleuses, sauvages et exceptionnelles.

Donc oui, je viens souvent dans les Pyrénées parce que nous avons tissé des liens d’amitié avec les élus, notamment des Hautes-Pyrénées. Par exemple Michel Pélieu, le président du Conseil départemental, et avant lui François Fortassin, qui a été le créateur des « Amis du Tour » au Sénat. C’était un monsieur exceptionnel. Il y aussi Noël Pereira, maire de Pierrefitte-Nestalas. D’ailleurs si nous allons au mois de juillet prochain à Cauterets Cambasque, c’est en faveur des liens de confiance qui sont devenus des liens d’amitié sans aucun doute.

Je viens régulièrement. Il m’arrive même d’y venir en vacances. C’est dire à quel point j’aime les Pyrénées !

La première fois où la Route d’Occitanie a inspiré le Tour de France, c’était en 1995 au Plateau de Beille. Une arrivée qu’on retrouve en 1998 sur le Tour…

Le directeur du Tour était Jean-Marie Leblanc à l’époque. Cette découverte, ca fait partie d’une tradition de La Route d’Occitanie
avec ses présidents Francis Auriac puis Pierre Caubin. Avec François Fortassin qui souffle un site à Pierre Caubin, qui le teste, et qui nous en parle ensuite, etc.

C’est cet ensemble de choses qui nous a permis en effet de mettre depuis une vingtaine d’années sur la carte du Tour de France le Plateau de Beille, le Port de Balès, la Hourquette d’Ancizan qui est tellement belle ! J’adore ce nom d’ailleurs : la Hourquette d’Ancizan. Et puis le col de Spandelles ! Les paysages sont absolument somptueux.

Et puis, la Route d’Occitanie, ce sont des parcours, c’est un décor, mais ce sont aussi bien évidemment des champions. Egan Bernal (vainqueur du Tour 2019) a gagné la Route d’Occitanie en 2020. Voilà. Pour gagner la Route d’Occitanie, il faut être un champion. Et puis, c’est une très belle alternative pyrénéenne au Critérium du Dauphiné qui se déroule dans les Alpes.

Le Port de Balès est défriché par la Route d’Occitanie en 2003, il y a pile vingt ans. Sur le Tour, il apparaît en 2007. C’est une sacrée trouvaille ce col !

Oui, en 2007, je m’en souviens bien ! C’était la première année où j’étais directeur du Tour. Oui, sacrée trouvaille. Nous avons emprunté le Port de Balès dès lors que la route a été goudronnée côté Haute-Garonne. Ca permettait d’arriver au pied de Peyresourde. Ça offrait un col absolument magnifique et qui se redresse de plus en plus. D’abord dans la forêt, sur des routes étroites. Ensuite, ça monte.

Je me souviens d’avoir suivi Thomas Voeckler avant ses victoires à Luchon. En 2010, c’est même le tournant du Tour de France avec l’attaque du maillot jaune Andy Schleck, mais qui a un pépin mécanique. Et Alberto Contador contre derrière ! Il y avait eu polémique sur le fait que Contador ait poursuivi, son attaque. Mais du coup, tout le monde avait en tête le Port de Balès qui est un col absolument somptueux.

Cette année, vous allez regarder de près l’arrivée à Nistos ? Voir si c’est sportivement sélectif ou non, voir si le grand barnum du Tour peut s’installer là-haut ?

Sachant que pour l’arrivée au Puy de Dôme cet été ou pour le col du Granon l’année dernière, les neuf dixièmes de la zone technique ne sont pas installés à l’arrivée. En fait, on a changé de paradigme il y a une dizaine d’années. Avant, il fallait que tout passe (NDLR : toutes les installations d’arrivée) pour que nous allions quelque part.

Maintenant, si sur quelques kilomètres sur 3.500 au total, il y a une zone technique réduite, pas de caravane publicitaire, mais que les champions peuvent passer, ça me va très très bien. On rend la montagne aux champions ! Je n’ai aucun souci avec ça.

Donc Nistos sur le Tour un jour, pourquoi pas ?

Non, ça veut dire simplement qu’il y a déjà des villes qui sont étapes de la Route d’Occitanie qui pourraient se retrouver sur la route du Tour dans un avenir relativement proche. Qu’il s’agisse d’arrivées en altitude ou pas.

Vous parlez souvent de la « pyramide » du cyclisme, avec le Tour au sommet, mais d’autres courses à la base. Mais pour la Route d’Occitanie comme d’autres, c’est compliqué. Bénévoles vieillissants, budget à boucler, coût de la production TV… Avez-vous peur que ces courses disparaissent ?

La Route d’Occitanie, comme nombre de courses, est indispensable. Le Tour de France est la plus grande course cycliste du monde, au sommet de la pyramide. Mais il faut que la base soit solide, qu’elle soit large, qu’elle soit costaud. Sinon il y a un danger pour pour tout le monde, y compris pour nous.

La Route du Sud est devenue Route d’Occitanie, ça veut dire que la région Occitanie est derrière. Il faut qu’elle y reste. L’ancien Circuit de la Sarthe est désormais soutenu par la région, et est devenu le Région Pays de la Loire Tour. La région des Hauts de France défend les Quatre Jours de Dunkerque. Tout ça est absolument essentiel.

Pour le cyclisme sur route, il n’y a pas d’investissement dans un stade, dans une patinoire, dans une piscine, dans un parquet de basket. Donc l’investissement, il faut qu’il existe pour ces épreuves là, gérées par des bénévoles, avec des moyens publics sans lesquels les épreuves ne pourraient plus exister.

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