Alors qu’elle rentrait à pied d’une maraude dans le centre-ville de Bordeaux, une bénévole sexagénaire s’est fait violemment agresser par un bénéficiaire, car elle n’avait plus de soupe à lui distribuer.
Le Figaro Bordeaux
L’association Imagine Demain est sous le choc. Ce samedi, lors d’une maraude organisée dans le centre-ville de Bordeaux, près de la rue Sainte-Catherine, une bénévole s’est fait agresser par une personne mécontente, car elle n’avait plus de soupe ni de bouteille d’eau à lui distribuer. «Nous ne donnons pas à manger pour nous faire agresser gratuitement», déplore l’association Imagine Demain, qui a donc décidé d’annuler les deux prochaines maraudes prévues en juillet.
«Une personne voulait de la soupe que nous n’avions plus car tout avait été distribué. Elle a ensuite demandé une bouteille d’eau, ce que nous avons rarement. Nous lui avons donc proposé un verre d’eau qu’il a refusé, il s’en est alors pris à Hélène en lui portant des coups à plusieurs reprises.» Bénévole de longue date, Hélène a été frappée à deux reprises au visage et a ensuite reçu un coup de pied, brisant ses lunettes et envoyant valser son téléphone portable. Heureusement, un couple s’est interposé pour lui porter secours. Mais quatre jours après les faits, la bénévole fait part de son angoisse car son agresseur a été aussitôt relâché. C’est en partie pour cela que l’association a choisi d’annuler les maraudes des 1er et 8 juillet. «Le temps de ranger les chariots et de se rendre au commissariat pour déposer plainte, 20 minutes plus tard, il avait déjà été libéré, en risquant de prendre une simple amende qu’il ne paiera de toute façon certainement jamais».
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«Nous sommes en première ligne»
Hélène, quant à elle, doit passer un scanner car sa cloison nasale a été touchée. L’association estime que «la police a fait son travail et suivi la procédure, impuissante», mais souhaite désormais que «la justice fasse le sien». Imagine Demain en profite pour tirer la sonnette d’alarme, en rappelant que «le nombre de personnes démunies, à la rue ou pas, ne cesse d’augmenter», et que «les petites associations bien présentes sur le terrain ne reçoivent aucune aide matérielle et logistique» et des «subventions dérisoires» de la part des pouvoirs publics. «Nous sommes en première ligne mais nous nous sentons autant abandonnés que nos bénéficiaires». Bien que cet acte soit isolé, précise l’association, il reste «intolérable».
Au début de l’année 2023, la mairie de Bordeaux a organisé une «nuit de la solidarité» pour estimer le nombre de personnes sans-abri sur la commune. 554 personnes ont été recensées, soit à peu près autant qu’en 2022. Mais depuis, plusieurs associations alertent sur la situation à Bordeaux et dans la métropole, car le nombre de personnes dans le besoin augmente mais les dons ne suivent pas. Début juin, plusieurs associations locales ont rédigé une lettre ouverte, relayant le «SOS lancé par les maraudes restant sur le terrain», affirmant que les aides qu’elles reçoivent «ne permettent plus de faire face à la demande et à la détresse des personnes laissées dans la rue et en situation de précarité». Face au manque de dons et aux portions plus petites, des bénéficiaires avaient déjà montré des signes d’agressivité, mais ce samedi, une ligne rouge a été franchie.
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